Ergospeed #08 : Musana.com

La semaine dernière j’ai découvert sur TechCrunch le nouveau service de gestion musicale Musana. Cette version béta permet entre autre aux utilisateurs de stocker ses musiques avec la possibilité de les écouter par le biais de leur mobile. Je vous invite à  écouter l’interview de son fondateur Frédéric Thuard qui explique davantage son fonctionnement. (Cet Ergospeed va s’attarder sur le manque de feedback de ce service.)

A propos

Musana Logo
Musana
est un service de gestion musicale en ligne qui permet à  l’utilisateur de gérer et de partager sa musique, d’écouter ses mp3 depuis n’importe quel ordinateur connecté ou par le biais de la 3G d’un téléphone mobile, mais aussi de découvrir de nouveaux artistes. Pour en savoir, plus je vous invite à  lire le blog de Musana.

Manque de force visuelle des feedbacks

Le but des feedbacks est d’informer et de prévenir l’utilisateur sur ses actions, d’anticiper son comportement face à  une interface nouvelle. Les feedbacks permettent une navigation rapide et compréhensible afin de renseigner et de rassurer l’internaute. Ici, Musana manque d’informations ponctuelles ou plutà´t elles ne sont pas assez visibles et risquent d’occasionner des actions inutiles à  l’utilisateur.

Upload de fichier mp3

Musana Upload mp3

Lorsque l’utilisateur veut uploader ses musiques, ce dernier arrive sur une page qui le renseigne clairement des étapes qu’il doit franchir. Ses indications sont mentionnées par des intitulés assimilés à  des boutons significatifs. Malgré cette présentation, l’utilisateur peut être susceptible d’être confronté à  des obstacles : une organisation visuelle diminuée, à  l’étape 2, qui manque de visibilité sur ses feedbacks pas assez apparents.

L’étape 2 : Aucun avertissement ou aucune information ponctuelle indique à  l’utilisateur ce qu’il doit faire après avoir sélectionné ses mp3. Après observation de l’interface, l’utilisateur perçoit en dessous de chaque morceau une indication qui lui permet de deviner le déroulement des évènements qui vont suivre :

  • La mention « uploading… » s’affiche en-dessous du premier titre de la liste. Malheureusement, elle est trop petite et n’est pas assez mise en avant. Le corps typographique et sa couleur ne permettent pas une forte distinction visuelle par rapport à  l’ensemble du site.
  • Un indicateur de progression de couleur bleu s’affiche juste à  cà´té de la mention « uploading ». Il s’agrandit au fur et à  mesure du chargement du morceau. Ce dernier apparaît souvent tard dans le processus et n’est pas perceptible de suite. La présence du bouton « stop » juste à  coté du titre n’est pas assez compréhensible même si l’utilisateur peut deviner son action : stopper l’uploading qui est en cours.
  • A la fin du chargement, la mention « Complete. File successfully added » apparaît avant la disparition du morceau. Le titre suivant monte en première position et commence à  être uploadé. Notons que ces informations sont en anglais et pourtant le site est sur la version française. Ouille !

Ce manque de visibilité peut sans doute perturber l’utilisateur dans sa navigation et risque plusieurs comportements non-souhaité :

  • L’internaute peut passer directement à  l’étape 3 sans s’apercevoir des actions qui se déroulent à  l’étape 2 : une nouvelle page se charge et supprime sa liste de mp3 préalablement sélectionnée. Le fait de ne pas voir distinctement les informations ponctuelles de l’étape 2 risque de faire croire à  l’utilisateur que l’affichage de ses mp3 sur le site signifie qu’ils sont déjà  uploadés sur Musana.
  • Ou bien, l’utilisateur va perdre son temps à  chercher un bouton « valider le chargement de mes mp3 » qui n’existe pas. L’inefficacité de l’utilisateur face à  son problème entraînera sans doute un agacement non souhaité surtout lorsqu’il s’apercevra de la barre de progression par la suite.
  • Le bouton « Annuler le chargement » est situé juste au-dessus de la liste de sélection. Son positionnement peut porter à  confusion : si l’internaute ne lit pas son intitulé. Il peut instinctivement cliquer dessus croyant qu’il valide le chargement de ses titres. Malheureusement cette action est l’inverse désirée et supprime l’ensemble de la liste.

Ecoutez sa playlist

Drag&Drop : L’utilisateur étant confronter à  une nouvelle interface, ce dernier va l’analyser afin d’identifier certains éléments qui lui permettront de comprendre son fonctionnement. Pour l’aider, il faut penser à  :

  • Des éléments déplaçables et identifiables aussi bien dans leur déplacement que dans leur destination afin de rassurer l’utilisateur.
  • L’internaute doit voir en temps réel l’action qu’il est en train de faire. Ce retour immédiat lui permet de constater l’efficacité du site.
  • Lors du « déposer », l’interface doit montrer le résultat de l’action. Les éléments déplacés doivent se manifester visuellement afin de garantir à  l’utilisateur une validation de ses actes.

Musana player

Quand l’utilisateur arrive sur la page permettant l’écoute de ses mp3, aucune information ou guide visuel lui indiquent l’action à  faire. Après plusieurs tâtonnements et clics, l’utilisateur va sûrement deviner et comprendre le fonctionnement de cette interface. La plupart des actions se font grâce à  une navigation glisser-déposer ce qui implique davantage l’utilisateur sur Musana.

Quelques difficultés sur cette page :

  • Lors de la sélection d’un album ou d’un artiste, l’utilisateur doit diriger sa sélection vers le visuel qui symbolise un CD. Cela déclenche le player qui réapparaît lors du rollover de la souris pour agir dessus.
  • Pour l’écoute d’un morceau de la playlist, un double-clic suffit pour lancer la lecture. L’organisation des titres se fait pas le biais d’un drag&drop limité à  la surface d’interaction de la playlist.

Attention à  la localisation du bouton « Accueil » qui permet à  l’utilisateur loggé d’aller sur la home page afin de découvrir la musique proposée par Musana. Son positionnement n’est pas assez voyant surtout qu’il ne figure que dans le pied de page.

Une présentation soignée

musana jaquette

Lors du glisser-disposer de l’album une animation se joue et laisse apparaître une animation qui affiche la jaquette du cd avec ses informations. Une animation réussite et fluide qui dévoile l’ouverture tel un boîtier cristal ou un digipack. Les informations proviennent de GraceNote qui identifie et « normalise » les fichiers lors de l’upload (reconnaissance des tags, titres, jaquette, paroles…).

Conclusion

Ce que je regrette sur Musana est l’impossibilité de naviguer sur le site ou d’uploder des fichiers sans interrompre l’écoute de ma playlist. Une solution telle que la déjà  fait Box.net ou Steekr.com peut-être envisageable : un pop-up contenant une application en Java permettant de glisser-déposer des fichiers dedans. Elle peut résoudre cette frustration et améliorera le transfert des données. Ou encore prévoir un outil comme l’Uploadr que propose Flickr.

Après la lecture de cet Ergospeed, j’espère que j’ai été compréhensible et que vos neurones ou vos yeux ne vous brûlent pas de trop ? Sinon bon Aspro !

Ergospeed #08 : Musana.com

L’ergonomie sans le design n’est rien ?

Qui aujourd’hui n’a jamais eu lors de sa première visite sur un site web une réaction telle que : « Oh que c’est moche ! », « Oulalaaa ! » ou encore « Ah jolie ! »… Ces exclamations sont souvent un de nos premiers réflexes qui peut être similaire au délit de faciès à  l’égard d’un individu inconnu. Cette réaction assez primaire est quasi identique à  une interprétation esthétique face à  une interface web encore jamais utilisée.

Ergonomie et design objet

Avant d’aborder ce sujet face à  une interface web, une « anecdote » liée aux Arts Appliquées va permettre de compléter et d’illustrer cette même réaction dans un tout autre domaine : le design objet.

Juicy Salif de Starck

Le très controversé presse citron « Juicy Salif » de Philippe Starck est sans doute un des exemple les plus parlant pour évoquer la confrontation entre l’esthétisme et l’ergonomie dans le design d’objet de la fin du XX° siècle.

En 1991, Philippe Starck conçoit pour l’éditeur italien Alessi un presse citron au design assez inhabituelle pour un ustensile de cuisine. Perché sur ses 3 longues pattes, ce presse agrume peut évoquer à  la fois une araignée, une fusée ou une créature sortie tout droit d’un roman de science fiction. Son créateur avoue avoir eu l’idée en pressant un citron sur un calamar lors d’un déjeuner. D’o๠cette apparence semblable à  un animal (ci-dessus la nappe du restaurant o๠P.Starck avait dessiné ses premières idées concernant cet objet).

croquis Juicy Salif Malgré ses lignes élancées, son aspect sobre et épuré le « Juicy Salif » est malheureusement peu pratique par son manque de prise en main pour une utilisation quotidienne.

Pour attester le manque de pragmatisme de cet objet, deux designers allemand, Adam und Harborth, se sont permis de réaliser, dix ans plus tard, un prototype en plastique afin de faciliter l’utilisation de ce presse citron : « Salif Aid fûr Juicy Salif ». Ce récipient s’encastre au cÅ“ur de l’objet et permet de récupérer la pulpe et les pépins des agrumes pressés.

L’ironie de cette « prothèse » provient entre autre par sa matière, sa couleur et le nouveau look qu’elle occasionne au « Juicy Salif ». Ce rajout décrédibilise cet objet devenu une icà´ne des années 90 exposée dans plusieurs musées et galeries du monde. Philippe Starck, qu’on aime ou pas ce personnage, est l’un des premier designer français qui a su démocratiser et vulgariser au plus grand nombre l’importance de l’esthétisme dans nos objets du quotidien qui dans le passé devait être avant tout ergonomique.

Aujourd’hui, l’esthétisme d’un objet est aussi importante que son utilisation au quotidien. Si l’objet est beau vous aurez plus de plaisir à  l’utiliser. Sur Internet c’est pareil.

Esthétisme, ergonomie et interface web

« Tractinsky, Katz et Ikar ont ainsi réalisé une étude selon laquelle l’esthétique de l’interface influencerait la perception de l’utilisabilité du système. Les utilisateurs confrontés à  une belle interface auraient tendance à  lui attribuer un meilleur niveau d’utilisabilité. » Ergonomie et beauté des choses

Lorsque l’appréciation esthétique d’un utilisateur entre en jeu pour sa première visite sur un site web, deux réactions sont envisageables :

  • Si l’interface plaît graphiquement à  l’utilisateur alors ce dernier ne percevra pas immédiatement les erreurs d’utilisabilité du site et sa satisfaction de navigation se portera davantage sur son jugement de goût.
  • Si l’utilisateur à  une forte répulsion dès l’ouverture de la page de son navigateur, il ne manquera sans doute pas d’évoquer son dégoût tout au long de sa visite même si le site possède une qualité d’utilisabilité optimisé.

« En 2003, Nielsen Norman Group à  recenser 42 études comparatives entre l’utilisabilité d’un site web existant et sa refonte : Usability Return on Investment. Cette étude à  prouvé une augmentation de l’utilisabilité de l’ordre de 202%. » (Ergonomie Web, pour des sites web efficaces – A.Boucher)

Même si ce jugement est évidemment subjectif et lié aux émotions de l’internaute, cette réaction peu le conditionner tout au long de sa navigation. Si vous envisagez la création d’un site web ou sa refonte, n’oubliez pas que l’ergonomie se complète au design graphique : cela permet de satisfaire la qualité de l’interface ainsi que l’optimisation de l’utilisabilité du site. Si ces deux paramètres sont bien pris en compte dès le début, ils renforceront l’appréciation de l’utilisateur par rapport à  votre site internet.

Si c’est pas beautiful çà  !

L’ergonomie sans le design n’est rien ?

Ergospeed #07 : Adobe.com

En décembre 2007, Adobe met en ligne leur nouveau site web : changement de stratégie, changement d’ergonomie et de choix graphique. Plusieurs éléments m’ont surprise et surtout fait sourire lors de ma première visite car Adobe s’est permis d’oser des changements et ils ont bien eu raison. (cet Ergospeed est consacré seulement à  la page d’accueil)

A propos

Adobe a été fondé en décembre 1982 par John Warnock et Charles Geschke qui avait quitté le Xerox PARC pour améliorer et commercialiser le langage de mise en forme PostScript refusé par ce dernier. Plus d’infos : Wikipédia est là  !

Ancien site Adobe

Un logo qui laisse place au contenu

Menu adobe

Adobe s’est permis de bouleverser la localisation habituelle des éléments tel que le positionnement du logo qui est situé en haut à  droite et non à  gauche. Le logo est associé au moteur de recherche qui est positionné sur un module en hauteur, flottant à  droite Cette notion est accentué par l’ombre qui le souligne. Le module s’ajuste selon le format de votre fenêtre de navigation. Selon la distance qui le sépare de l’ensemble du contenu, qui lui est fixé sur la gauche, le logo Adobe s’estompe mais conserve sa fonction de bouton retour à  la page d’accueil grâce à  sa couleur forte qui constitue son identité depuis 1982.

Notons l’absence du bouton « ok » au moteur de recherche. Cela n’est pas un oublie d’Adobe mais une adaptation à  leur cible comme le choix de positionnement de leur logo.

Un site ciblé et affirmé

Un site web doit répondre et satisfaire la cible que vous souhaitez atteindre. Chaque personne a un profil, un passé et une profession différente. Il est important de cibler vos utilisateurs afin de répondre au mieux à  leurs demandes au cours de leur navigation sur votre site. Si vous essayez de concevoir un site pour tout type d’utilisateur vous risquez de provoquer une déception et la fuite de votre cible de départ.

Avec ce nouveau site web, Adobe a très bien su s’adapter à  sa cible :
Si la discrétion du logo est volontaire, cela est surement du au fait qu’Adobe n’a plus besoin de s’afficher. L’identité graphique de la gamme de leurs produits est connu et reconnu de leurs utilisateurs et de leurs clients. Cette discrétion permet aussi d’accentuer l’impact visuel des logotypes qui constituent cette gamme.

Icone Adobe

La vidéo d’introduction, qui est « très créative », affirme leur position, d’une part de sa qualité de réalisation mais aussi de son importance et de son emplacement sur la page d’accueil. Si la vidéo est tellement mise en avant, cela vient peut-être du faite qu’elle est devenu un format de consommation important sur Internet et qu’elle permet une information direct avec, comme ici, un contenu de qualité permettant de visualiser les performances d’utilisation des produits vendus par la marque.

Le menu est sobre, épuré avec des rubriques très sectoriel par le vocabulaire employé.

Pas de bouton « ok » pour lancer une requête dans le module recherche. Seule une action de la touche entrée sur le clavier valide la recherche. Cela permet à  l’utilisateur un gain de temps en n’encourageant pas à  l’utilisation de la souris.

boutonLe bouton « fermer/rejouer » de la vidéo est aussi un élément qui est surement compréhensible par un bon nombre d’utilisateur habitué à  naviguer sur le web. Ce carré grisé flottant dans un espace vide et superposé à  la vidéo est tantà´t une croix pour stopper la lecture en cours, ou tantà´t une flèche (animée lors du rollover) signalant la possibilité de la rejouer. A aucun moment une infobulle nous informe de sa fonction. Preuve que même ce petit bouton à  une importance dans son utilisation et son absence de renseignement.
Les utilisateurs d’Adobe n’ont sans doute pas besoin de plus de détail… ?

Adobe s’est permis de réaliser un site web répondant au mieux à  leurs utilisateurs qui doivent sans doute être principalement :

  • des personnes dîtes créatives
  • des personnes ayant des profils liés ou bien travaillant dans le domaine créatif
  • des personnes qui utilisent depuis un certains nombres d’années leurs produits
  • des personnes qui sont habitués à  naviguer sur le web

Conclusion

Adobe est un éditeur de logiciel présent depuis 26 ans, leur monopole acquis au fil des années leur à  permis de se construire une identité forte avec une communauté qui s’est consolidée au fur et à  mesure de leur croissance. Pour conclure cet Ergospeed, il aurait été ingénieux de la part d’Adobe de substituer le bouton de validation du moteur de recherche par leur propre logo. L’utilisateur n’aurait pas cliqué sur le bouton « ok » ou utilisé la touche entrée de leur clavier pour valider une recherche sur l’ensemble du site mais sur le logo de la marque. Aujourd’hui la manière dont est présenté ce module avec la position du logo laisse envisager cette solution. Dommage qu’Adobe ne l’ait pas fait. Cela aurait été une mini-révolution ! (ok, j’exagère avec le mot « révolution » mais cela aurait été innovant)

Ergospeed #07 : Adobe.com

Mes meilleurs vœux avec Sketchtravel

Je vous souhaite à  tous mes meilleurs vÅ“ux pour cette année 2008 avec cette superbe illustration de Sylvain Marc pour un projet ambitieux qui a commencé en 2006 avec de très grands artistes de renoms: Sketchravel : 1 carnet de croquis – 50 artistes – 0 frontières

Sketchtravel 2008

Suite à  l’email de Gérald Guerlais et Dice Tsutsumi (fondateurs de ce projet), je tenais à  partager ma joie vis-à -vis de ce projet fabuleux en vous le faisant découvrir :

« Cette année 2007, le carnet a commencé au Japon, puis s’est rendu à  New-York, San Francisco, San Diego, et Los Angeles. Il a pris 6 avions, 14 bus, 15 métros et 17 taxis pour rencontrer les artistes. Le bilan de cette année écoulée est très encourageant. 30 000 visiteurs sur le site officiel. 22 007 consultations du clip animé sur les sites Youtube et Dailymotion.
[…] Le voyage est loin d’être fini. Prochaines destinations attendues : d’autres artistes hétéroclites à  Los Angeles, Bogota (Colombie), Buenos Aires (Argentine), New-York (2nd round), Tokyo (2nd round), Paris (2nd round), Lille (France), Oslo (Norvège), Bruxelles (Belgique), Neuchâtel (Suisse), Barcelone (Espagne) et Londres (Angleterre)
[…] Sketchtravel est toujours une opération indépendante sans financement public et basée sur le volontariat. De nombreux savoir-faire issus de domaines de compétences variés associent leur effort pour concrétiser ce projet international.
 »
Gérald Guerlais & Dice Tsutsumi

Le carnet de croquis original sera exposé à  la Galerie Arludik à  Paris. Puis, il sera vendu aux enchères afin que les gains soient reversés à  une association caritative sélectionnée par les auteurs.

Mes meilleurs vÅ“ux à  tous ces artistes qui se sont réunis pour ce merveilleux projet.

Blog de Sketchtravel : WorldTravelerBook
Interview de Gérald Guerlais sur Jamais203.net

Mes meilleurs vœux avec Sketchtravel

Ergonomie web, pour des sites web efficaces

Je viens de recevoir le livre d’Amélie Boucher qui est, avec toute sincérité, très bien écrit. Avant de vous en parler je tiens à  évoquer mon avis sur le livre de Patricia Gallot-Lavallée que je vous avais mentionné dans un billet précédent.

« Internet donne moi ce que je veux ! »

internet, donne moi ce que je veux Patricia Gallot-Lavallée donne 60 modèles de navigation en se basant sur des points précis de sites existants : barre de navigation, formulaire d’incription, moteurs de recherche, widgets… Elle décortique un élément qui est complété par une interview, des conseils ou des notes. Toutefois je ne suis pas satisaite. On n’y apprend plein de choses mais on ne sait pas pour autant comment les appliquer. Ok ! Ce n’est pas le but de ce livre et c’est facile de critiquer sachant que mes Ergotests manquent d’approfondissement.


Je le sais bien mais je crois avoir trouver « Le livre » qui va m’aider :

« Ergonomie web, pour des sites web efficaces »

Ergonomie web On vient de me l’offrir hier soir et je suis déjà  en train de le dévorer. A peine au chapitre 3, qu’il est déjà  rempli de post-it, de note, de pense-bête qui vont m’aider à  appliquer ce que je sais déjà  par rapport à  mon cursus mais surtout ce que j’y découvre dans cet ouvrage : fondements de l’ergonomie, méthodes, processus, règles, théories, bonnes pratiques, applications…

Des connaissances vulgarisées que seul un ergonome peut avoir eu lors de ses études et de son expérience professionnel. J’apprécie énormément la qualité d’écriture d’Amélie Boucher qui est simple, efficace et accessible. Chaque propos sont illustrés d’exemples concrets ce qui permet une meilleure compréhension.

J’espère pouvoir réutiliser ses conseils dans mes futurs Ergotests et surtout dans mes projets professionnels à  venir. Je vous le conseille vivement car il est à  porté de tous et bénéfique à  n’importe quel profil.

En vous souhaitant de bonnes fêtes de fin d’années et à  bientà´t en 2008.

A lire aussi :

Ergonomie web, pour des sites web efficaces

Univers ErgoIHM

Logo ergoIHM

La semaine dernière j’ai reçu un email fort sympathique de Sébastien Médard et Alexandre Huete pour m’avertir qu’un nouveau projet était né : l’univers de la liste de diffusion Ergoihm. Ergophile en fait partie. Cet environnement créé sous Netvibes est une très bonne idée et permet d’avoir plusieurs ressources de blogs qui aborde l’ergonomie.
Univers Ergo IHM

Afin d’expliquer davantage ce projet Alexandre a accepté avec gentillesse de répondre à  3 petites questions :

Comment vous est venue cette idée et dans quel but ?

Cette idée nous est venue en discutant avec les autres modérateurs de la manière la plus simple (pour nous) et efficace (pour la communauté ergoihm) de partager du contenu. Nous avons la chance d’être dans un contexte culturel et technique favorable au partage de contenu ; il ne nous manquait plus qu’à  trouver une plate-forme la mieux adaptée à  une telle expérience. Le choix s’est arrêté sur Netvibes car leur manière de présenter les univers correspondait parfaitement à  la manière dont nous imaginions notre espace : quelque chose en libre accès avec la possibilité d’intégrer ces blogs à  nos propres outils de veille (plus facile pour les utilisateurs de netvibes, car manuelle pour les utilisateurs d’autres lecteur de flux rss).
Quant au but, je pense que les membres de la communauté des ergonomes (au sens large) auront compris que cet univers vient compléter la liste de diffusion d’ErgoIHM en y apportant le cà´té partage d’information.

Votre profession est-elle liée au domaine de l’ergonomie ?

Je pense que nous pouvons l’affirmer dans la mesure o๠je suis ergonome et que je me suis spécialisé dans les Interactions Hommes Machines 😉
C’est vrai que la discipline « ergonomie » est plus connue que le métier mais je vous assure que ça existe… ou alors on m’aurait menti !!! Notre métier au sein d’un projet informatique est d’accompagner le choix de différents acteurs (informaticiens, clients, chefs de projet, graphistes, marketings) tout en mettant en avant le point de vue de l’utilisateur final.

Pour représenter les utilisateurs on nous demande souvent de nous « mettre à  leur place » (pour donner encore plus de poids à  ces guillemets, il faut m’imaginer faire la même chose avec mes index et majeures des deux mains) sauf que nous ne sommes pas dotés de facultés extra-sensorielles, ni d’une empathie à  toute épreuve ! Nous allons donc interroger directement les utilisateurs finaux et déployer notre boite à  outil pour travailler avec eux : tests utilisateurs, entretiens, analyse de l’activité, tri par cartes, etc. (lire à  ce sujet le très bon article sur Ergolab)

En fonction de la place que nous allons occuper dans le projet nous allons avoir plus ou moins de marge de manœuvre :

  • Si la demande arrive dès la phase de conception, et dans la mesure du possible, on intègre les utilisateurs dans la boucle et on mène une conception centrée utilisateur ; c’est à  dire considérer leurs besoins tout au long du processus de développement d’une application et non pas à  la fin !!! Puis présenter ces résultats lors des itérations réalisées entre les différents acteurs du projets,
  • Si la demande arrive bien en amont, nous allons pouvoir aider les demandeurs à  formaliser leur besoin. La possibilité de réaliser l’analyse de l’activité des utilisateurs finaux ciblés permet de confronter leurs besoins et leurs contraintes à  ceux du demandeur,
  • Si la demande arrive après la phase de conception, c’est dans ce cas o๠nous avons le moins de marge de manÅ“uvre et notre rà´le consiste à  limiter la casse ! Nous faisons des tests ainsi que des recommandations qui ne seront pas forcément prise en compte sur la v1 du projet mais sur une version ultérieure.

En fait ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que plus tà´t on intègre un ergonome dans un projet de conception, et plus tà´t, lui pourra intégrer l’utilisateur final dans ce projet !

Comment avez vous sélectionné les sources de cet environnement ?

En fait nous avons bouclé en interne avec les autres modérateurs pour savoir quelles étaient les lectures quotidiennes de chacun. Il nous a fallu ensuite trouver les catégories de notre univers ergoihm et faire la répartition des flux en fonction des thèmes choisis. Nous nous sommes retrouvés avec du contenu déséquilibré, notamment sur les facteurs humains, et avons rapidement mis à  contribution des collègues ciblés afin qu’ils diffusent également leurs sources. Actuellement nous attendons les retours des utilisateurs d’ergoihm sur le partage de leurs sources et sommes prêts à  faire vivre cet espace en fonction de leurs remarques.

Merci à  Sébastien et Alexandre pour ce projet qui va en aider plus d’un 🙂

Univers ErgoIHM

Ergotest #04 : Sncf.com

Un lecteur m’avait déjà  écrit pour faire un Ergotest sur la SNCF et jeudi dernier j’ai découvert, grâce à  Wild Wild Web et Kinoa, la refonte du site sncf.com. Vu ma stupeur lors de ma première visite sur ce nouveau portail, je devais faire un Ergotest. Ci-dessous la page d’accueil de l’ancien site :

MAJ : Le site a été designé par l’agence G2 (grey interactive). Seule la partie Opinion & Débat a été pensée et gérée par Publicis consultants sur une idée de Fred Cavazza – infos de Lovny

Sncf ancien site

A propos

sncf logo
« Figurant parmi les leaders européens du transport et des services associés, le Groupe SNCF c’est 5 branches structurantes : Fret, SNCF Proximités, Voyageurs France Europe, Infrastructure / Ingénierie, Holding et autres. » Plus d’infos sur la SNCF

Page d’accueil

sncf page d’accueil

Un header rempli à  bloc

sncf header

01 Ce header est assez confus :

  • Le logo est bien positionné, ses couleurs pêchues et son dégradé sont mis en avant grâce au fond sombre qui conserve les nuances de la nouvelle charte graphique de la SNCF. Bien sûr, ce logo sert de retour à  la page d’accueil. Dommage que celui-ci est totalement cloisonné entre un lien vers « Groupe » et le moteur de recherche. Aucune respiration ce fait autour de lui.
  • Pourquoi les services (« voyager », « s’informer », « fret/logistique », « conseil/expertise », « carte de fidélité » et « voyages-sncf.com ») ne sont-ils pas mieux regroupés et organisés ? « Voyager » et « s’informer » devraient sans doute être plus rapproché de « cartes de fidélité » et du bouton « voyages-sncf.com ». Notons que l’onglet « acheter » sur le bouton « voyages-sncf.com » n’est peut-être pas compréhensible de suite : l’utilisateur ne comprend pas forcement qu’il doit cliquer dessus pour pouvoir acheter ses billets de train. Personnellement, je prend très peu le train, et auparavant mon premier réflexe était d’aller sur le site sncf.com puis de cliquer sur le premier onglet « Agence de voyage en ligne » (voir le visuel de l’ancien site ci-dessus) qui était bien positionné et faisait parti d’un ensemble de service cohérent. Dans cette nouvelle version, ce bouton est quasi imperceptible mais un onglet « billets & horaires » est présent dans le corps du site.

sncf menu déroulant

  • Toutes ces rubriques se présentent sous forme de menu déroulant de taille similaire et agréable visuellement. Seul la rubrique « fret/logistique » est indigeste et recouvre tout le site. Pourquoi ne pas avoir fait un menu déroulant comme pour la rubrique « voyager » ?

sncf lien accessibilité02 Dès la première connexion, ce qui m’a choqué pour un groupe tel que la SNCF c’est le choix d’avoir réalisé ce portail en Flash avec l’option en haut à  droite « bas débit/accessibilité ». Pourquoi ne pas avoir fait tout simplement un seul site accessible. Ici, le Flash n’apporte rien d’innovant à  ce portail qui est conçu comme un portfolio (d’accord, cela est très osé pour la SNCF et dynamise leur image. Un effort à  été fait d’un point de vue graphique et stratégique).

La mention « Accessibilité » est omniprésente et visible par son emplacement au-dessus du header. Cela permettra peut-être de démocratiser et sensibiliser l’accessibilité au grand public. Par contre, son association à  « bas-débit » n’est pas forcément judicieuse.

Un menu principal invisible

Sncf chaînes

03 « Vos chaînes » fait office de menu principal et est omniprésent sur toutes les pages. Malheureusement, son mode est toujours invisible. Son signalement se concrétise avec la mention écrite « Sélectionner vos chaînes », le pictogramme d’une flèche et 2 traits verticaux à  chaque extrémité. L’utilisateur n’a pas forcément le réflexe et l’habitude d’aller sur « sélectionner vos chaînes » pour naviguer à  travers un site. De plus, l’interactivité se fait seulement lors du rollover sur le lien textuel qui n’est pas assez visible par son positionnement en dessous du champ du moteur de recherche.

Un contenu mal agencé

sncf corps de la page d’accueil

04 Le contenu est assez confus comportant parfois des vignettes totalement illisibles. Lors du rollover sur certaines vignettes, un effet d’agrandissement superflu se crée et annonce déjà  des étapes et des clics inutiles pour accéder à  l’information :
sncf zoom sur les vignettes

  • 1) Un effet de zoom et de perspective dans un univers dit « 3D » apparaît et l’ensemble des vignettes se fondent pour ne laisser que celle sélectionnée.
  • 2) Un animation se joue lors du rollover sur cette vignette. Elle a pour but d’indiquer l’affiliation de cette rubrique à  une des chaîne.
  • 3) Enfin, lors du clic, une page se charge brutalement sans effet de transition.

Beaucoup d’étapes pour des effets qui apportent peu au contenu. Peut-être que cela offre à  l’utilisateur un cà´té ludique mais l’accès à  l’information est ralenti.

Pour revenir à  la page d’accueil deux possibilités existes : le curseur hors de la vignette est souligné par une infobulle qui indique « cliquez pour revenir ». Ou bien la solution traditionnelle, un clic sur le logo dans le header. Et là  dans les deux cas, de-zoom… ouah !

Un pied de page sobre mais trop animé

Sncf footer

05 Ce site est conçu pour un format 1024x768px donc aucun scroll n’est envisageable pour un affichage d’écran similaire. L’inconvénient de ce footer est la présence d’un « Tickler » (bandeau défilant) qui annonce (environs toutes les 5 secondes) les derniers titres de l’actualité SNCF. Même inconvénient pour les deux rubriques dans le header. L’Å“il de l’utilisateur peut être perturbé par ces deux animations présentes dans cet espace réduit.

Ce pied de page témoigne aussi des lacunes principales de ce site : Les informations du Tickler sont cliquables et malheureusement elles ne se chargent pas dans le site mais ouvrent des pdf. De même pour le lien utilitaire « contact », une nouvelle page en Flash s’ouvre a part. Et le plus fort, pour le lien « mentions légales » une page html apparaît.
Mais pourquoi ?

Page type du site

sncf page type

01 Présence du titre de la rubrique sélectionné ainsi que le retour à  la page d’accueil qui se figure par la présence du damier animé en bout de ligne. L’utilisateur peut sans doute croire que ce motif n’est pas un lien mais juste une ornementation graphique. Aucune infobulle n’indique sa fonction ni guide l’utilisateur.

02 Ce bloc correspond au sous-menu, au contenu disponible d’une chaîne. Chaque thème est indiqué par son titre et par le nombre de sujet qu’il contient. Cela permet à  l’utilisateur de constater les thèmes plus ou moins rempli. La navigation est fluide, simple et compréhensible. L’animation et les couleurs du rollover (correspondant à  la chaîne) sont assez fin et s’harmonisent avec l’ensemble de la page. Dommage que l’utilisateur soit obligé de scroller dans un bloc assez petit et étroit. Il doit se concentrer davantage sur sa lecture.

03 Lors d’une sélection d’un thème dans le bloc 2, le contenu s’affiche instantanément avec un fondu rapide. Cette partie est assez bien hiérarchisé mais est assez pauvre d’un point de vue contenu. Des blocs d’informations ponctuelles sont présents mais donnent un site léger en rédactionnel par rapport à  l’abondance des sous-menu des chaînes proposée.

04 Ces pictogrammes sont explicites et le champ texte en-dessous confirme à  l’utilisateur leur fonction. Graphiquement, ils sont homogènes et correspondent à  l’ambiance du site : coin arrondies, doux, transparent, léger… La SNCF a fait un véritable effort sur la variété des médias proposé avec une présence forte de la vidéo.

sncf média

Les seuls regrets par rapport à  l’accès à  ces médias :

  • Ouverture systématique d’une autre page web(html ou flash) ou d’un autre site web lors d’une sélection d’un média proposé
  • Lorsque l’utilisateur a la possibilité de visionner que la vidéo, il est inutile de charger une autre page. La vidéo et son player devrait être disponible immédiatement dès la sélection du sujet. Pas besoin d’avoir une page intermédiaire.

05 L’emplacement de « Réagir, participer » est judicieux et les éléments graphiques illustrent bien le rédactionnel. La véritable surprise de la part de la SNCF vient de leur rubrique « Opinions et débats » qui dirige l’utilisateur vers un nouveau site permettant un feedback concret et disponible à  tous sur http://debats.sncf.com/.

06 « Le saviez-vous », ce Tickler informatif est sympathique dans son utilité d’information ponctuelle. Toutefois les illustrations graphiques qui l’ornemente nuisent à  sa lisibilité mais elles ne dérangent pas plus que ça la lecture du site et l’humanise un petit peu plus.

Tableau récapitulatif

Fonction Les + Les – Note
1. Design graphique – Design épuré
– Bonne gestion des nuances de couleurs
– Pictos et boutons homogènes au site et compréhensible
– Organisation visuelle cohérente pour les pages des chaînes
– Effet d’animation parfois inutile 3/4
2. Efficacité
[pertinence de l’information]
– Utilisation de la vidéo – Manque d’information écrite dans ce site
– Organisation confuse de la page d’accueil
1/4
3. Efficience
[rapidité de navigation]
– Accès à  la demande fluide – Un manque de transversalité entre les pages
– Menu des chaînes manque de visibilité
– Ouverture trop nombreuse de page annexe
– Trop de clic
1/4
4. Satisfaction – incitation à  participation via feedback – Gestion du portail très mal exploité
– L’accès à  l’information n’est pas au rendez-vous
1/4
5. Accessibilité – Un site à  part à  été réalisé, donc un effort à  été fait
– Vidéo avec sous-titre
(Pertinence des alt, des intitulés des liens)
– Images intégrées en dur dans le menu 3/4

Conclusion

09/20

La SNCF a fait un effort de mise à  jour et une volonté exemplaire sur le dialogue qu’elle veut instaurer avec ces utilisateurs. Ce nouveau site à  une ligne graphique cohérente et plaisante mais son ergonomie est maladroite. Le site que la SNCF aurait du refaire bien avant celui-ci est sans nul doute Voyages-sncf.com. Merci d’avoir pris le temps de lire ce billet jusqu’au bout. Pour vous relaxer, je vous invite à  visionner une chanson du dimanche !

Ergotest #04 : Sncf.com